Éditer
Militer





Sol Nis (Soline Guigonis)


mémoire DNSEP 2020-2021

Comment les éditeurices militent
Comment les militant·es éditent


introduction
1 - les éditions des femmes
2 - zines militants : Polyvalence / PD la Revue
3 - les collages féministes
4 - la langue inclusive
conclusion / remerciements
bibliographie commentée
télécharger le PDF imprimable

dirigé par Alice Laguarda
DNSEP option design mention éditions
ésam Caen/Cherbourg
contact / instagram

Sol Nis · ÉDITER/MILITER – Chapitre 2 : les zines militants

les zines
militants

pour aller plus loin / musiques / transcription

pour aller plus loin -

PD LA REVUE

Instagram : @pdlarevue
Facebook : PD la Revue
Site internet

Fanzine Bang Bang !

Revue Jef Klak

POLYVALENCE

Instagram : @tan_polyvalence / @par.et.pour
Site internet (tous les recueils sont téléchargeables)

Jean-Michel Dufays, mise en ligne le 06/02/2019, « Tan Polyvalence : sexualité, anthropologie et anarchisme », 1h 01min 24sec, vidéo, YouTube.

FANZINES & AUTOÉDITION

AA Bronson et Philip Aarons, 2013, Queer Zines, 271 pages, Printed Matter Inc., New-York City

Fadingpaper, 30/03/2015, « Le fanzine est un livre d’artiste », fadingpaper.blogspot.com, article de blog

Michael Caroson, 2009, Queering Artists’ Books: A Queer Critical Analysis of Artists’ Books, Palmer School of Library and Information Science of Long Island University

musiques -

Bikini Kill, Rebel Girl, in Yeah Yeah Yeah Yeah, 1992, Kill Rock Stars

Juliette, Madame, in J'aime pas la chanson, 2018, Polydor

Carmen Maria Vega, La fille de feu, in Santa Maria, 2017, AZ

Rihanna, Bitch Better Have My Money, in Bitch Better Have My Money, 2015, Rock Nation

Rico Nasty, Times Flies, in Time Flies, 2019, Atlantic

Marion Rouxin, La rivière, in L'Autre, 2019, Tilt

Eddy de Pretto, Kid, in Cure, 2018, Initial Artist Services

Bronski Beat, Smalltown Boy, in The Age of Consent, 1984, London Records

Dorian Electra, Man to Man, in Flamboyant, 2019, autoproduit

Shay, Cocorico, in Antidote, 2019, Capitol Music France

Dog Park Dissident, Queer As In Fuck You, in Sexual and Violent, 2018, Nerd Cave Recordings

transcription -

Dans le précédent épisode, je vous ai parlé d’une maison d’édition féministe. Mais la première forme d’édition dans les milieux militants, ça n’est pas le roman broché. C’est un assemblage de feuilles photocopiées et agrafées avec les moyens du bord.

À l’origine, le fanzine est apparu dans les groupes de fans qui voulaient partager entre elleux ce qu’ielles créaient autour de leurs œuvres préférées. Il a essaimé ensuite dans les milieux underground, musicaux et punk, et a pris une dimension contestataire. Le graphzine en est une forme principalement visuelle, comme on en trouve beaucoup dans l’illustration indépendante contemporaine.

Aujourd’hui, on utilise toujours « zine » pour parler de toutes ces formes d’édition souvent profane et de facture légère, qui se passent de main en main. Les zines sont légion dans les milieux militants un tant soit peu underground. Je vous propose d’explorer la question de l’autoédition militante à travers deux exemple.

Polyvalence (Tan)

Le premier sera celui de l’association Polyvalence, menée par Tan depuis 2013. Parmi ses nombreuses casquettes, Tan porte celle d’éditrice, puisqu’elle a lancé son asso pour éditer et diffuser des recueils de témoignages illustrés sur le corps, la sexualité et les violences. Mais elle vous en parlera mieux que moi.

(Le texte qui suit est extrait de la transcription d’un entretien mené avec Tan.)

naissance du projet

Au départ, ça a commencé il y a sept ans, sept ans et demi, quelque chose comme ça. Si tu veux, je n’avais pas de plan d’attaque, je n’ai jamais de plan d’attaque. J’ai des idées et je fais au mieux pour les mettre en forme avec les compétences et les moyens dont je dispose. Des compétences, j’en ai, mais je les ai pas toutes, et des moyens j’en ai assez peu. Donc, au départ, l’idée c’était de recueillir des témoignages sur les violences sexistes. Dix, quinze, tu vois. De les faire illustrer par une amie peintre, de faire un diptyque témoignage/tableau. De les vendre, de vendre le tableau, d’expliquer en quoi il accompagnait un texte, et de reverser l’argent à des structures, des assos féministes.

Finalement j’ai reçu plein de témoignages et donc il a fallu diversifier la façon dont arrivaient les illustrations – parce que ma pote peintre elle pouvait pas peindre cent cinquante tableaux – et puis ça permettait aussi à d’autres personnes, qui étaient intéressées par tout ce qui était en train de naître, de mettre la main à la pâte en proposant des illustrations, c’était un geste militant de leur part.

Et puis, je me souviens pas exactement comment j’ai décidé de le mettre en format papier. Je me souviens pas exactement pourquoi, comment, c’est juste parce que un texte pour moi spontanément comme ça, il est fait pour être lu sur du papier quoi. Je préfère les livres, je préfère lire sur du papier que sur un ordinateur ; et donc quand il y a du texte, c’est plus facile, plus logique, je sais pas, de l’avoir en main. C’était pas un truc hyper élaboré dans ma tête genre « maintenant je vais créer un outil autre, un nouveau support pour pouvoir diversifier mon offre, toucher plus de monde » ou je sais pas quoi, c’était juste ben, j’aime bien manipuler du papier pour lire.

évolution de la forme

Sur [le] site [de Polyvalence], oui, il y a les PDF de chaque recueil de témoignage qui a été publié ; sauf le recueil de nouvelles érotiques, parce que c’est du porno et que c’est difficile à mettre en avant sur un site où y’a pas, tu sais, de truc « interdit aux mineurs », voilà. Au départ, c’était effectivement – c’est même ça le terme « fanzine », qui vient de la culture punk et musicale plutôt. C’est pas des fanzines en fait, c’est des bouquins là que j’édite et que je publie. Mais au départ ça s’appelait des fanzines parce que c’était imprimé chez les potes, on pliait les papiers et on les distribuait à prix libre, on les donnait... Et en fait, ça je le fais toujours ; mais aussi, quand j’arrive à avoir des subventions, ce qui est très rare, c’est arrivé une fois en fait, on a eu une subvention qui a permis d’imprimer des recueils de témoignages (donc les fanzines, mais que j’appelle des recueils de témoignage parce que c’est pas des fanzines en fait). On a pu imprimer plusieurs centaines de recueils sur différents thèmes, en vrai petit livre, bien joli, avec des illustrations. Parce que toujours, chaque témoignage est illustré, on a gardé le même principe, et donc en petit livret bien joli, bien pro, qui ressemble pas à des trucs que t’as fait avec tes potes à la photocopieuse. Ce qui en soi est très bien, c’est juste que vu les thèmes abordés et la portée de l’association qui a grandi, j’avais envie de proposer un objet fini, quoi.

travail des textes et des paratextes

Donc le but de tout ça, c’est que la parole des gens qui est tout le temps muselée, la parole des gens qui est muselée et la parole des gens qui sont muselés, qu’elle ne le soit plus et qu’elle se diffuse. Que la parole se diffuse et que le message se diffuse. Et donc pour diffuser un message il faut qu’il soit construit le mieux possible. Il y a des personnes qui savent le faire et il y a des personnes qui savent moins bien le faire, donc moi je les aide à faire en sorte que leur message passe bien. Et donc, les modifications, elles sont validées, j’envoie ; en plus vu la teneur du témoignage, vu les thèmes abordés, je vais pas juste moi faire le truc à ma sauce en disant « voilà, je préfère le truc comme ça, bye ». Je valide avec la personne pour que je sois bien sûre, déjà, de ne pas avoir déformé ses propos, et puis qu’elle soit d’accord, c’est son texte. Une fois qu’il est diffusé je peux plus faire grand-chose, surtout quand c’est les recueils papier, donc je ne vais pas diffuser un texte qui n’est pas le sien. Ou en tout cas si moi j’ai fait des suggestions, si moi j’ai fait des modifications et que je les propose en suggestion, j’attends son retour, oui. Ça prend énormément de temps.

Je m’occupe de monter de A à Z un bouquin. Avec l’intro, le corpus, chaque texte est travaillé, retravaillé, reretravaillé. Et puis il y a des annexes qui sont travaillées aussi ; ce sont des entretiens auprès de professionnel·les du sujet qui est traité dans le bouquin en lui-même. En général, l’entretien c’est moi qui l’ai mené. Pas à chaque fois, mais souvent c’est moi qui l’ai mené. Donc là, ça, c’est ma casquette d’anthropologue que je mets. Mais après je fais la transcription, je réarrange le texte pour qu’il soit intelligible à l’écrit, je revalide avec la personne que j’ai interviewé·e. Donc oui, c’est un vrai boulot éditorial.

rencontre des savoirs

C’est le savoir expert et le savoir profane. Parce que je pense que les deux se complètent très bien et que l’un sans l’autre... Enfin, le témoignage d’une personne, c’est pas que c’est bien ou mal, c’est que c’est une bille, si tu veux, une bille de données. Et puis l’expertise académique d’une personne sur ce sujet, c’est aussi une bille de données. Et que les deux se répondent vachement bien. Alors après tu peux manipuler les choses de manière démoniaque en mettant en miroir des choses, tu peux faire dire ce que tu veux à ce que tu veux. Mais donc là, ce n’est pas le but.

L’idée c’est de rassembler des témoignages sur un sujet. Ce sont des témoignages sur un sujet précis mais les témoignages sont très différents parce que les personnes qui les écrivent, c’est vraiment très large, je sais pas, un témoignage « troubles mentaux » par exemple, la personne écrit ce qu’elle veut sur ce qu’elle veut. Et ensuite, il y a un entretien, par exemple celui-là a été mené auprès d’une psychiatre. Si tu veux, c’est des entretiens qui sont assez synthétiques, ça fait quatre pages, c’est un truc où j’ai parlé avec la personne pendant quarante-cinq minutes, c’est pas une thèse quoi. Mais une fois que tu as lu tous les témoignages et que tu les as en tête - il y a une quinzaine de témoignages par recueil, donc c’est une lecture qui est dense mais tu en as pas pour trois semaines à lire le truc, quoi. À part si t’as besoin de temps parce que ce sont des sujets qui peuvent être lourds et que t’as pas envie de lire ça après ton taff, mais bref. Ca se lit relativement rapidement, et puis c’est illustré, t’as le temps de reposer ton regard, t’as le temps de reposer ta tête entre les textes, etc. Et à la fin de ta lecture tu as les annexes, donc notamment l’entretien avec un professionnel ou une professionnelle sur le sujet du recueil ; et ça te permet, à la lumière des témoignages que tu as lu, de comprendre l’entretien et de faire ta popote dans ta tête, avec les éléments que tu as à ta disposition. Et je trouve que la doublette témoignage profane, mais expertise de soi-même, et entretien, littérature experte ou académique, vont bien ensemble. J’ai pas inventé l’eau chaude en disant ça, ou le fil à couper le beurre, ou je sais pas quelle expression super, mais voilà, j’ai tenu à faire ça aussi pour les publications de mon asso.

financements

En fait, j’ai pas envie de devoir rendre des comptes, aussi bien des comptes financiers que des comptes sur ce que je fais, les sujets que je veux donner, etc.

[…] j’avais pas envie de devoir rendre des comptes. Ca me fait chier, en plus je déteste avoir des deadlines qui sont pas celles que je me suis fixées moi, j’ai pas envie d’être fliquée, je me sens fliquée très facilement, je suis un peu claustro de l’autorité et de l’administration moi donc dès qu’on me demande un truc j’ai l’impression que c’est horrible et je déteste ça. Et en même temps, vu que j’ai horreur de ça - je suis complètement phobique de tout ce qui est administratif, mais vraiment, j’ai vraiment un problème avec ça – du coup je ne sais pas vraiment à quelle porte toquer. Et les quelques personnes qui ont proposé leur aide pour ça en fait ne savent pas vraiment non plus, et on arrive jamais à trouver des subventions.

On en a trouvé une fois, on en a eu une fois par Lush, les cosmétiques bio là. Parce que le dossier était facile à remplir, en fait, il faut juste que tu exposes un projet. Ce qui est compliqué aussi, pour les subventions en général – alors, je dis que je sais pas où toquer, c’est pas vrai, je me suis quand même renseignée, je sais en fait ce qu’il faut que je fasse. Mais je trouve ça à la fois compliqué, inutilement chiant, et - la fin justifie les moyens, mais ça dépend pourquoi. Je trouve que le coût en énergie, ce qu’il faut mettre pour avoir cinq mille balles, ça vaut pas le coup à chaque fois (le coup c-o-u-p).

Attends, je me suis égarée dans mon truc là, où je commence à m’énerver, tu vois à quel point j’adore les trucs administratifs.

Le problème aussi des subventions, c’est que ça ne subventionne pas des gens. Moi ce que j’aimerais, c’est pouvoir payer une personne, deux personnes, moi-même, pour faire du taff quoi, pas payer un projet, tu vois, payer des individus. Et en général, les subventions ne proposent pas cette possibilité, cette solution-là. Et en plus, quand tu dois faire un business plan, quand tu dois détailler ton projet ça doit être un truc hyper précis. Sauf que moi j’ai pas appelé mon asso « Monomanie », ça s’appelle pas Polyvalence pour rien ! Et du coup, à chaque fois, il faut que ça soit vachement précis parce que sinon, c’est pas assez clair, c’est pas possible et tout. Bah, non.

J’ai pas envie, en fait. Je préfère ne pas avoir d’argent et avoir la liberté de faire des choses qui sont riches de contenu plutôt que d’avoir plein de pognon et de proposer une seule chose, probablement très bien ficelée en fait, mais pour moi c’est pas assez. Ça ne va pas avec la façon dont je réfléchis, dont je veux faire les choses, dont je vois le monde. Pour moi tout est une question d’approche holistique. Et va expliquer une philosophie de la vie à un projet genre à la mairie ou à la région de Paris qui lit plein de dossiers toute la journée, qui en a rien à foutre de ces considérations un peu utopistes. Bref.

rapport aux pratiques collectives

En fait, il y a toujours des gens qui veulent aider, et parfois ça va très bien, et parfois ils sont pleins de bonne volonté mais ça n’aide pas. Du coup, ça dépend de la personnalité et de ce que la personne propose. Pour le coup, c’est important que les gens arrivent à me proposer des choses précises. Alors que justement je dis qu’il faut que ce soit vachement souple et ouvert. Quand une personne me contacte en disant « je veux aider », c’est un peu compliqué. Le truc c’est que je comprends bien qu’elle ait envie d’aider, et je trouve ça très bien, volontiers, parce que j’ai tout le temps besoin d’aide ; mais si je lui donne une tâche à effectuer, c’est pas sûr que je tombe pile poil dans ce qu’elle veut faire, dans ce qu’elle sait faire, dans ce qu’elle peut faire, dans ce qu’elle a le temps de faire, dans ce qui lui plaît. Et vu que c’est dense et qu’il y a plein de trucs différents qu’il faut savoir faire – il faut savoir lire, écrire, corriger, mettre en page, accueillir, écouter, se déplacer, parce que c’est pas juste du témoignage, Polyvalence c’est plein d’actions solidaires, militantes, de l’activisme et tout. Et donc, soit il me faut des personnes qui sont vraiment des ninjas, des couteaux suisses, qui savent faire plein de trucs, qui arrivent à faire plein de trucs, qui pensent plein de trucs en même temps – y’en a.

Mais là c’est vraiment une question de temps. Parce que moi je suis à donf avec mon asso et mes projets, mais parce que c’est les miens en fait, donc je me donne les moyens d’arriver à ce que je veux, et donc je prends du temps pour ça. Quand t’as trois gosses, un boulot à plein temps, deux heures de transports et que en plus t’as envie d’aider, je comprends que tu sois pas disponible H24. Surtout vu l’ampleur des projets que je peux proposer. Donc, ça dépend vraiment de qui est la personne, qu’est-ce qu’elle peut faire, qu’est-ce qu’elle sait faire, comment elle veut le faire, quel temps elle a, et quels sont les projets en cours sur lesquels je peux lui proposer de m’aider.

Et puis j’aimerais pouvoir payer les personnes qui m’aident sur les textes par exemple. Les derniers recueils de témoignages, il y a des personnes à qui je propose de prendre la coordination éditoriale, ces personnes elles bossent de ouf, quoi. Elles mènent les entretiens, elles font des lexiques, elles font la mise en page, elles corrigent les textes, elles font plein de trucs et puis elles sont pas payées. Donc je conçois que ces personnes elles aient pas trois mois à m’accorder. Et puis en plus, moi je suis vachement rigoureuse, je suis hyper exigeante. Si des personnes, elles se proposent pour m’aider, il faut qu’elles se rendent compte de la tâche que ça va être, quoi. Et en plus, c’est pas sur des sujets qui sont faciles. C’est pas sur des sujets qui sont faciles, donc il faut avoir quand même des ressources pour ça. Mettons que c’est un recueil de témoignages, tu passes toutes tes journées à corriger et relire des témoignages sur le viol, l’inceste, et que tu dois élaborer des annexes sur le sujet, c’est pas forcément hyper agréable à faire. Il y a quelque chose probablement de galvanisant, parce que c’est utile et nécessaire, donc tu fais partie de quelque chose que tu trouves bien, mais c’est pas facile.

place dans le paysage éditorial (projet Par et Pour)

Alors pour ce projet-là, oui, [je me suis rapprochée du circuit traditionnel de l’édition]. D’ailleurs, j’ai signé mon contrat chez un éditeur qui a bien pignon sur rue. C’est pour ça. Au départ je savais pas très bien ce que j’allais faire avec ce projet, si ça allait être un recueil de témoignages comme les autres – il y en a quatorze, treize ou quatorze avec Polyvalence qui sont sortis - si ça allait être le quinzième ou pas. Et puis je me suis dit que vu le sujet, j’avais envie qu’il y ait plus de visibilité. Du coup, voilà.

J’ai fait pareil que d’hab, recueillir des témoignages. Ce qui est cool, c’est que ça fait quand même plusieurs années que Polyvalence existe, les gens n’hésitent pas à m’envoyer des témoignages. J’ai rien à faire quoi, ça vient à moi. Et je reçois tout les jours des témoignages sur plein de sujets différents. D’ailleurs je présente mes excuses aux personnes qui m’envoient des témoignages tous les jours tous les jours tous les jours. Ils sont à la queue-leu-leu mais j’ai pas le temps de m’en occuper. Parce que là, sur d’autres sujets que le travail du sexe, je ne fais plus d’appel à témoignages mais j’en reçois tout le temps.

Sur le travail du sexe, je trouvais que ce thème, il fallait le diffuser d’une manière pas endogame où on est tous et toutes convaincu·es que – où tout le monde est d’accord, en fait, tu vois, dans les cercles militants. Enfin plus ou moins, il y a quand même des querelles de chapelles, mais... C’est sympa de rester entre potes convaincu·es, ça fait du bien, et ça fait du bien justement quand tout le monde te crache à la gueule ; mais ça n’a pas une portée de ouf, et moi je voudrais que ça ait plus de portée. Du coup, je veux passer par un circuit plus mainstream. C’est relatif, parce que c’est une maison d’édition qui est assez rock’n’roll quand même. Mais c’est pas les potes militants-punk-anarcho-underground seulement, quoi. Et c’est ce que je voulais, c’est le but.

en conclusion

Je suis vachement contente, enfin je suis très touchée de la confiance que les gens me font et de leurs retours. C’est à dire que souvent, les gens me remercient énormément, parce que j’ai pris le temps de lire et corriger leur texte. Ce qui est vachement sympa parce que... c’est le but, quoi. C’est comme quand je fais une consult, les gens me remercient de mon temps. Mais je suis payée pour ça. Cela dit, pour corriger un texte, c’est vrai que je ne suis pas payée, mais c’est... bref ! Les gens sont très sympathiques. Ca me fait toujours très plaisir, et je trouve ça presque bizarre, en fait, d’être tellement remerciée pour – enfin, je vais écrire ça ce soir. Avec mon clavier – voilà, je vais faire passer un message, tu vois : un jour, si quelqu’un écoute ce truc et a pitié de moi, il me faut un nouvel ordinateur, mon clavier est cassé, comment voulez-vous faire un travail éditorial avec un clavier cassé ? Merci bien.

PD la Revue

Le deuxième exemple, c’est celui de PD la Revue, qui explore les identités pédés et queer dans leurs intimités politiques. Son numéro zéro a vu le jour à l’hiver 2018, le numéro 2 (qui est en fait le quatrième, suivez un peu) est actuellement en préparation. J’ai eu la chance de pouvoir poser mes questions à Ariel, membre de l’équipe éditoriale qui est entièrement bénévole. Je vous laisse avec lui.

(Le texte qui suit est extrait d’un entretien avec Ariel Martin Perez.)

revue imprimée

Quel est le sens de faire une revue papier ? Le sens c’est plutôt d’avoir un outil de communication, de partage d’idées qui soit physique, qui soit pas en ligne et je pense qu’il y a quelque chose qui se joue autour de cet objet. Ca permet d’interagir avec un public de manière différente que si c’était un post Facebook qui va survivre ou pas selon les aléas des algorithmes des réseaux sociaux,etc. Ca permet aussi une manière de distribution différente que si c’était une revue purement numérique.

Il y a un attachement à l’objet papier en fait, qui opère à travers cette revue. Je trouve qu’aujourd’hui ça fait sens d’avoir encore des revues imprimées, parce qu’on est pas soumis aux lois des réseaux sociaux, d’internet, etc ; ça fait un objet qui peut survivre plus longtemps. Il y a un côté archive, ou documentaire. Ca permet d’arriver aussi à des endroits que parfois, le numérique n’arrive pas aussi aisément ; c’est-à-dire qu’il y a parfois des gens qui prennent notre revue, et qui l’emportent dans différents coins de France, et ça tombe dans les mains de quelqu’un qui, peut-être, ne serait pas tombé sur le compte Facebook ou Instagram ou Twitter ou j’en sais rien. Je pense que c’est le sens de faire une revue papier imprimée.

Après, pour la petite histoire, cette revue elle part des weekends qui s’appellent les Weekends PD, qui sont des weekends militants, et au sein desquels il y avait des gens qui étaient intéressés pour faire une revue papier. Moi, je suis arrivé en cours de route, je connais pas certainement les discussions qui ont amené à sa création. Mais j’étais là avant l’impression du premier numéro.

inspirations

On a regardé un peu ce qui se faisait dans les milieux queer, voilà, mais je pense que s’il y a des revues peut-être en France qui, on peut dire, sont des antécédents de la Revue PD ça peut être par exemple le fanzine Bang Bang. Parfois on voit un lien avec Bang Bang qui est un fanzine qui était édité par un groupe queer qui créait des vacances et des séances de réunion qu’on appelait La Croisière. Je connais pas très bien l’histoire, mais en tout cas ce que j’ai lu de ce fanzine, le numéro que j’ai pu lire, on retrouve un peu l’esprit contestataire qu’on trouve aussi dans la Revue PD. Je pense qu’on pourrait considérer Bang Bang comme un antécédent de PD la Revue. Et aussi, on avait regardé ce qui se fait ailleurs, voilà. Après, on est pas une copie ni un hommage à aucune publication particulière.

équipe éditoriale

En fait, il y a une équipe de gens qui produisent cette revue, et après il y a toute une galaxie de gens qui sont plus ou moins proches, qui collaborent sous la forme de contributions, que ce soient des textes ou des dessins ou des choses comme ça. Mais en tout cas, l’équipe qui crée la revue a varié beaucoup en termes de taille et en configuration au long du temps.

Au départ c’était une revue qui était basée plutôt à Paris, mais après, comme beaucoup de gens sont partis, on a rencontré des gens dans d’autres villes, finalement on a décidé que c’était plus intéressant de décentraliser la revue, en tout cas plus parlant politiquement. Du coup, on fait des weekends de travail, dont un sur deux est à Paris, parce qu’il y a encore des gens qui sont ici, et un sur deux est dans une autre ville de France, ce qui permet aussi aux gens que parfois ce soit moins cher pour le transport, parce que [rires] voilà quoi, c’est une fois sur deux que ça peut être plus près de tel ou tel endroit.

Du coup, les week-ends de travail se font toujours dans des villes où il y a des gens qui font partie de l’équipe de la revue qui habitent. Cette organisation en week-ends, c’est la réponse logique au fait que les personnes qui n’étaient pas à Paris, à chaque fois ils ou elles loupaient des réunions, et chaque fois elles devaient se déplacer à Paris, et que c’était pas juste pour les gens qui faisaient partie de la revue et qui n’étaient pas à Paris.

L’idée c’est qu’en deux ou trois week-ends de travail, on dégrossit la plus grande partie du travail de la revue. En ce moment on reçoit beaucoup de textes donc il faut que tous les textes soient lus avant les week-ends de travail. Après, pendant le week-end de travail, on choisit les textes, et on fait des débats autour.

travail collectif

Oui, pour nous c’est très important que ce soit un travail collectif. C’est-à-dire que si on fait des choix, ce n’est pas le fait d’une seule personne, mais ça émerge des discussions qu’on fait, du travail qu’on peut faire sur les textes, sur les images qui les accompagnent. Ce n’est pas un choix individuel, mais plutôt tout le monde met son apport. Je ne dirais pas qu’on arrive forcément à un consensus absolu, dans lequel tout le monde est d’accord sur tous les points, mais en tout cas les textes qu’on publie, les images qu’on publie, c’est des images qui ont parlé à un certain nombre de gens, et c’est pour ça qu’on a décidé de les publier. Même si ce n’est pas forcément tous les gens qui ont été passionnés par ce texte, ça émerge un peu du groupe.

fonctionnement interne

On marche par mandat. C’est-à-dire que pour chaque numéro il y a des choses essentielles qu’il faut faire sinon le numéro il sort pas. Du coup, pour chaque numéro, on délimite tous les mandats : la personne qui va s’occuper de la maquette, la ou les personnes qui vont s’occuper de la distribution, de contacter les gens pour les ventes, de travailler les réseaux sociaux, de répondre aux mails. Un fois qu’on a ces rôles, les personnes s’occupent de ces rôles pour la durée de ce numéro. Après, il y a d’autres gens qui peuvent se joindre. Peut-être qu’il y a des gens qui ont jamais fait de l’édition, de la maquette, ou qui n’ont jamais travaillé dans la distribution, une revue, qui disent « ah, moi je sais pas » ; mais ça permet aussi d’intégrer, s’il y a deux personnes qui collaborent sur un mandat, du coup ça permet aussi de couper la charge de travail.

Ça, ça marche pour chaque numéro, mais après, on se demande comment le collectif peut évoluer, tout ça. En fait, finalement ça se fait à assez peu de gens, c’est juste un petit groupe. Une fois que tous les postes individuels, que tous les mandats sont complets, ça peut suffire pour éditer une revue, en fait.

Ça, c’est les mandats en général. Mais aussi, pour chaque texte, il y a une personne ou deux qui font le suivi. Faire le suivi, ça veut dire répondre aux auteur·es si leurs textes ou pas ont été sélectionnés, expliquer pourquoi ; si le texte a été sélectionné il y a peut-être des choses qu’il faut un peu expliquer, ou des choses qui sont pas claires, donc il y a une discussion avec les auteur·es qui s’établit pour savoir comment le texte peut être complété. Ensuite s’il faut trouver des images, il y a des personnes qui s’occupent principalement de chercher des images pour ce texte. En tout cas faire le suivi du texte, faire les corrections orthographiques etc, jusqu’à la fin. Après, tout ça est regroupé dans différents documents qui servent à faire le suivi de la revue, à suivre la distribution, à avoir tous les contacts pour les ventes, etc, etc.

distribution

Par contre, ce qu’on fait d’habitude, c’est qu’on fait la vente nous-même. Moi par exemple, j’emporte toujours un ou deux exemplaires avec moi, je peux le montrer si je vais dans un endroit aux gens et le vendre. On fait des ventes à la criée. Quand on va dans une ville on essaie de faire un événement avec une lecture, ça permet aussi de vendre des revues ; il y a toujours des moments comme ça qui permettent la vente de revues qui soient pas forcément dans des librairies. Ca peut être des manifs, ça peut être des évènements qui n’ont rien à voir avec la revue [rires]. Parfois on en vend une ou deux. Ça peut être plein de choses en fait. On va aussi dans des festivals de fanzines, dans des festivals indépendants comme ça. Par exemple à Paris il y a le Barzine, ça se fait – bon là aujourd’hui non [rires] à cause du covid, mais c’est des festivals indépendants qui sont très très chouettes.

Sinon on fait aussi de la distribution qui passe pas forcément par des librairies, mais parfois il y a des gens qui sont des collègues qui vont dans différentes villes qui emmènent des exemplaires dans leur valise, ou chaque fois qu’un d’entre nous fait un voyage quelque part on en profite aussi pour mettre des exemplaires dans la valise. Donc c’est tout un peu artisanal, mais on fait comme ça. [rires].

financements

C’est une question importante. Parce qu’il n’y a pas de publicité, on a pas de financeur, c’est nous qui avançons l’argent pour cette revue. Dans le passé, on a organisé ce qu’on appelle des Queer Food, c’est-à-dire des repas qui se font à Paris, qui permettent de récolter des fonds pour les associations soit queer, soit féministes. Dans le cadre de ces dîners on peut récolter un peu d’argent qui nous permet d’avancer les frais d’impression.

Il faut savoir que tout l’argent que les gens paient pour avoir l’exemplaire papier, il est réinvesti aussitôt dans l’impression de la revue. C’est ce qui coûte le plus cher. Tout le travail qu’on fait est volontaire, personne n’est payé malheureusement – malheureusement parce que tout travail mérite un revenu, mais après, avec le système actuel on peut pas se le permettre. C’est-à-dire qu’aujourd’hui on a choisi un système de prix libre. On ne sait pas si le prix libre c’est l’expression la plus adéquate, en tout cas c’est celle la plus connue ; mais en fait, il faudrait dire plus « prix juste » ou quelque chose comme ça. C’est-à-dire que il y a des gens qui nous paient plus que le prix qui est affiché (on donne un prix indicatif pour que les gens sachent combien ça coûte d’imprimer l’objet, mais il y a des gens qui nous paient plus), et il y a des gens qui ne peuvent pas nous payer autant, ce qui est normal dans un système où il y a des inégalités. Pour les autres, ça permet aussi de, en quelque sorte, équilibrer la balance.

Aujourd’hui on est en équilibre économique, c’est-à-dire qu’on ne s’est pas ruinés pour créer cette revue, on a pas gagné non plus de l’argent. Mais en fait, il y a aussi le prix de l’impression qui est à prendre en considération. Parce que selon le numéro ça peut être variable – s’il y a plus de pages, ou d’autres frais qui sont pas dans l’impression. Peut-être qu’on va continuer à faire aussi des évènements comme le Queer Food pour récolter de l’argent, parce que c’est pas forcément les prix des ventes qui vont rembourser toute l’impression et toutes les dépenses qui sont rattachées.

place dans le paysage éditorial

Pour la revue, je pense qu’il n’y a pas beaucoup de rapport avec les structures traditionnelles de l’édition, parce que on a pas de partenariat avec aucun média. Parfois on a fait des entretiens comme ça, mais on a pas de partenariat, on est édités par personne. Je ne sais pas non plus si PD la Revue c’est vraiment la concurrence de quelque chose [rires], si c’est la concurrence de la presse gay qu’on trouve dans les kiosques, je pense même pas. Je pense que ça vit dans un univers parallèle, même si ces derniers temps, il y a eu des confluences sur certaines thématiques, c’est-à-dire qu’il y a des magazines de la presse gay, Têtu etc, qui ont fait des choses qui sortent un peu de leur rang traditionnel et qui amènent un peu plus peut-être sur quelque chose qu’on pourrait trouver dans la Revue PD. C’est très subjectif, mais je pense pas qu’on ait de concurrent. Peut-être qu’il y a des gens qui achètent les deux, la presse gay et PD la Revue mais je pense pas que ce soit la même chose, ou qu’on ait la taille pour être concurrent à quoi que ce soit.

Et sinon, à titre personnel et militant, je pense que comme on va souvent dans des festivals d’édition, à force on côtoie d’autres gens qui sont pas forcément des gens des structures traditionnelles, mais aussi qui sont des revues indépendantes, du coup [rires] ça fait un peu ce côté « he ! Je t’ai vu la dernière fois ! », on se met à papoter et tout ça. C’est pas des structures traditionnelles mais il y a un peu de communication avec d’autres médias indépendants, avec des revues comme Jef Klak qui nous passe des petites annonces. Je pense aussi que la revue ça peut inspirer d’autres gens, avec un peu de chance, pour créer leur propre revue qui n’a rien à voir avec le sujet qui nous occupe.

présence numérique

Oui, PD la Revue communique sur les réseaux sociaux. Il faut dire que c’est tout un travail [rires]. Il y a des gens qui s’investissent là-dessus même s’ils ont mille autres choses à faire dans leur vie, qui mettent de leur énergie pour publier des choses sur les réseaux sociaux, pour entretenir, pour essayer de mettre à jour un minimum d’informations sur comment la revue est distribuée.

Effectivement, on a ni le temps ni l’énergie de produire des contenus spécifiques pour les médias sociaux ou pour Internet. On a un blog, mais qui est un peu en complément de la Revue, c’est-à-dire qu’on publie les articles de la revue, parfois il y a des choses un peu annexes qui permettent d’approfondir un peu plus ce qui était dit dans la revue. Dans le futur aussi, il y a un projet de refaire le site web, que ce ne soit pas juste un blog mais que ce soit un site un peu plus complet, avec des sections qui permettent de repérer plus facilement où sont les revues à chaque moment, ou de voir les numéros passer, etc.

Et aussi, on distribue nos numéros passés en forme de PDF, c’est-à-dire que quand il y a un numéro qui est épuisé en format physique, ou qu’il ne nous reste pas beaucoup d’exemplaires, on le file gratos sur le web et tout le monde peut le télécharger, l’imprimer, le lire, voilà. Tous les contenus de la revue sont sous licence Creative Commons ; notre objectif c’est de diffuser un maximum. On veut pas se fermer à ça. Mais après, c’est vrai qu’on a pas forcément toujours l’énergie de faire une revue et en plus des médias en ligne qui demandent tout un travail qui parfois est un peu ambitieux. Il y a eu des projets dans le passé de faire des podcasts par exemple, je sais pas si ça se fera dans le futur, je dis pas que ça va jamais arriver, mais pour l’instant on se concentre sur le papier. Tout ce qui est numérique ça découle en quelque sorte, ça peut être des choses qui font écho aux textes de la revue ou des gens qui collaborent avec nous.

imprimer militant

[...] quand j’ai intégré la revue, en fait on s’est beaucoup posé la question sur cet objet papier, on continue encore de se la poser parce que du coup, à la base, on voulait faire un projet qui soit édité par nous. C’est-à-dire que ce soit imprimé dans une imprimerie qui soit proche de nos idées, et du coup façonné par nos petites mains, c’est pour ça que je dis « par nous ». Mais en fait, il s’est trouvé que y’avait deux contraintes. Une c’était le temps, c’est-à-dire qu’à un moment on a sorti le numéro zéro, le tout premier numéro, il n’y avait personne qui était disponible effectivement pour travailler pendant une semaine dans une revue. L’autre contrainte, c’était l’argent, c’est-à-dire que si on avait fabriqué la revue de manière artisanale, en risographie, dans un atelier militant, ça serait devenu un objet qui coûterait sept euros l’exemplaire, qui serait devenu un objet un peu luxueux, un peu précieux, etc. Ce qui est en contradiction avec notre volonté de faire un objet à prix libre. Du coup, finalement, on a fait le choix d’imprimer dans une imprimerie qui n’est pas militante, qui n’est pas une grande imprimerie non plus, mais voilà. Ça nous permettait d’avoir un prix libre et une qualité d’impression correcte.

Cependant, pour le futur, nous envisageons – on est toujours à la recherche de nouveaux endroits pour imprimer. On voulait faire une collaboration avec une imprimerie militante qui nous permettrait d’avoir des prix très bas d’impression, et le point important c’est surtout que c’est des gens qu’on avait envie de soutenir et qui avaient envie de nous soutenir, avec qui on a envie de travailler. Malheureusement, ça s’est pas fait [rires] à cause du Covid. Une imprimerie qui s’appelle L’Attaqueuse qui cherche un endroit pour s’établir, ielles, ils et elles avaient prévu d’emménager en mars de cette année [2020] et du coup ça ne s’est pas fait. Mais voilà, c’est des questions qu’on se pose en permanence : comment est-ce qu’on pourrait imprimer cette revue pour qu’elle ait des prix qui soient accessibles à la plus grande partie des gens, mais que à la fois la qualité soit chouette, et que les moyens d’impression soient en accord avec ce que nous on a envie de promouvoir.

conclusion

Les recueils de Polyvalence et PD la Revue, bien qu’ayant des modes de fonctionnement, des approches, des usages et même des milieux différents, sont deux exemples de pratiques éditoriales qui partent des milieux militants et y vivent. Il y est toujours question de laisser une place aux paroles qui ne sont pas accueillies ailleurs. Les objets papiers voient aussi un public se tisser autour d’eux et permettent des rencontres politiques, thérapeutiques, contestataires ; l’édition naît du commun et crée du commun.

retour en haut
Polices de titrage : Almendra et Almendra Display par Ana Sanfelipo
Sol Nis janvier 2020